Je viens de terminer ce roman de Muriel Barbery que j'ai reçu pour mon anniversaire. J'en avais vraiment envie, j'en ai tellement entendu parler : prix des libraires 2007, le livre de l'année... Je l'avais même commencé (juste quelques pages) et ça m'avait plutôt tenté, surtout grâce à la description de ces personnages assez atypiques :
'Je m'appelle Renée,j'ai 54 ans et je suis la concierge du 7 rue de Grenelle,
un immeuble bourgeois. Je suis veuve, petite, laide,
grassouillette,j'ai des oignons aux pieds et, à en croire certains
matins auto-incommodants, une haleine de mammouth. Mais surtout, je
suis si conforme à l'image que l'on se fait des concierges qu'il ne
viendrait à l'idée de
personne que je suis plus lettrée que tous ces riches suffisants.'
'Je
m'appelle Paloma,j'ai douze ans,j'habite au 7 rue de Grenelle dans un
appartement de riches. Mais depuis très longtemps, je sais que la
destination finale, c'est le bocal à poissons, la vacuité et l'ineptie
de l'existence adulte. Comment est-ce que je le sais ? Il se trouve que
je suis très intelligente. Exceptionnellement intelligente, même. C'est
pour ça que j'ai pris ma décision : à la fin de cette année scolaire, le
jour de mes treize ans, je me suiciderai.'
Et bien j'ai été déçue. je ne vois pas pourquoi on en a fait tout un foin. Ou bien si, j'ai une hypothèse: si des gens ont raconté avoir lu ce livre et l'avoir aimé, c'est simplement pour se vanter. Parce que pour moi L'élégance du hérisson est un livre d'intello qui se la raconte.
L'action se passe dans un immeuble parisien bourgeois, et l'auteur semble au premier abord se moquer de cette bourgeoisie parisienne faussement intellectuelle, pédante et condescendante. Pourtant j'ai l'impression que toutes ces critiques pourraient très s'appliquer à l'auteur qui se délecte (j'adore ce mot) de références à Tolstoï (ma connaissance de Tolstoï se limite au téléfilm de Guerre et paix qui est passé sur la 2 il y a quelques mois), à Vermeer (c'est le mec de la jeune fille à la perle, non ? j'ai même pas vu le film !!), des cinéastes japonais qui filment des portes coulissantes et j'en passe !!
Et le style !!! J'ai beau apprécier les jolis phrases, et comme les héroïnes, ne pas supporter les fautes grammaticales en tout genre (j'ai toujours eu envie de crier aux accros du "ils voyent" que NON, ON DIT ILS VOIENT NOM DE DIEU !!!) là le ton est carrément lourd. Muriel barbery me parait pompeuse, limite prétentieuse. Elle me fait penser à ces gens qui parlent juste pour le plaisir d'entendre le son de leur voix. Elle semble écrire pour le plaisir de nous montrer l'étendue de son vocabulaire, comme ma prof de philo (quelle coïncidence, Muriel barbery est elle aussi prof de philo !...)
Un petit exemple "Cet après-midi M.Arthens porte une grande lavallière à pois qui flotte autour de son coup de patricien et ne lui sied pas du tout parce que l'abondance de sa chevelure léonine et la bouffance éthérée de la pièce de soie figurent à elles deux une sorte de tutu vaporeux où se perd la virilité dont, à accoutumée, l'homme se pare."
Ça me rappelle l'époque où pour ma meilleure amie et moi, le grand jeu était de placer le plus possible de mots compliqués dans une phrase. On a trouvé notre maître.
Pour finir, dernière critique : il ne se passe rien. Et ça je ne supporte pas. la seule action dont sont capables les personnages, c'est de penser. Mais qu'est-ce qu'ils pensent !! Réflexion philosophiques en tout genre : sur le sens de la vie, sur le beau...
A part ça... ils pensent
Mais face au succès du livre, je suis obligée de me remettre en question : finalement, si je n'ai pas aimé, peut être est-ce parce que je suis trop bête et trop inculte pour comprendre ce roman ? Si c'est le cas je n'en ai pas honte : je préfère avoir des goûts populaires 'élitistes, je préfère aimer ce que j'aime plutôt que prétendre le contraire pour donner une certaine image de moi.
Je termine (enfin!) avec un ptit bout de la critique des Inrocks :
"On regrettera le manichéisme de Barbery - les riches sont tous des
cons et les pauvres sont passionnants et élégants - et son goût du
pittoresque limite Amélie Poulain. Et puis cet éloge du grand art et de
la haute culture - les chats ont tous des noms de personnages de
Tolstoï, au secours ! - ça sent un peu son scolaire à plein nez. Chez
Barbery, une concierge ne peut pas lire Flaubert et aimer Colombo,
parce que Colombo, ça ferait un peu trop goût de concierge justement.
Et si c'était elle qui avait trop tendance à catégoriser les autres
dans le cliché ?"
Et un lien vers une autre critique, plus poussée que la mienne : http://www.bigbangblog.net/article.php3?id_article=673
edit : les partisans de Muriel barbery diront que je ferais bien de m'inspirer un peu plus d'elle pour améliorer mon style. Je leur répondrai que je n'ai pas eu le temps de me relire :p